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Deux cartes au passé sombre

Deux légendes romancées

Ensi'MAG spécial Halloween

Lecture de 5 Minutes

Ace de pique

The curse of scotland

Il arrive que le destin s’acharne à réunir des objets et des lieux. Ainsi, il existe une carte un peu particulière pour l’Écosse. Cette carte, il s’agit du 9 de carreau. Son histoire est teintée du rouge sanguin du pays. Je vous offre aujourd’hui 3 des 7 histoires qui entourent cette pauvre carte, aujourd’hui connue comme “la malédiction Écossaise”.

13 février 1692. Écosse. 78 hommes, femmes et enfants meurent. Assassinés par leurs hôtes, des soldats du roi d’Angleterre. Cette journée restera dans les mémoires comme le tristement célèbre Massacre de Glencoe. Un nom restera attaché à ce bain de sang. Celui de sir John Dalrymple. Haï du peuple depuis longtemps déjà, il aura ordonné ce massacre, rattachant son nom et ses armoiries, constituées de 9 carreaux rouges, à une malédiction écossaise.

« Sir. Nous avons remporté la bataille. Que faisons-nous des prisonniers écossais ? ». Le jeune officier regarde son interlocuteur. L’homme arrête sa partie de cartes en cours pour fixer froidement celui venu le déranger. « Je ne veux pas de survivant. Tuez-les tous. ». Le soldat sent des sueurs froides lui parcourir le dos. Décidément, ce Duc de Cumberland mérite bien son surnom de « duc boucher ». Contraint d’obéir, le jeune homme demande : « C’est un ordre conséquent messire. Pouvez-vous me le mettre par écrit ? ». Agacé, le Duc attrape la première carte du jeu devant lui et griffonne dessus, puis la tend à l’officier. Ce dernier la regarde. Sur fond de 9 de carreau, deux mots de mort apparaissent : « No quarter ». Il frissonne et s’en va obéir.

Un beau matin se lève sur le château médiéval de Marie Ière d’Ecosse. Cette douceur est soudainement brisée par les cris inquiets de ses servants. Que se passe-t-il donc ? S’interroge la reine. Un valet, paniqué, entre alors dans ses appartements pour lui annoncer d’une voix tremblante : « Madame, la couronne, il y a eu un vol… ». La reine, soudain inquiète, se précipite vers la salle du trésor. La couronne est là. Oui elle est là. À l’exception de 9 diamants supposés l’orner. Folle de rage, la reine fera payer à son peuple le lourd fardeau de ce vol, en augmentant drastiquement les impôts. Ces 9 diamants1 deviendront alors la malédiction de l’Écosse toute entière.

Secret weapon

« Crac ! ». Le vent chaud qui soufflait en cette nuit de février fit claquer les volets de la maison décrépie.

Le jeune vietnamien observa le bâtiment glauque face à lui. Il y venait régulièrement, mais, pour la première fois de sa vie, il se sentit mal à l’aise. Impossible de déterminer pourquoi. Sans doute était-ce dû à l’ambiance mortelle qui avait frappé son pays depuis le début de cette putain de guerre civile. Ça ne l’aidait pas à se sentir bien.

D’un mouvement de tête, il chassa ces pensées sombres de son esprit et entra.

Il parcourut les couloirs mal éclairés qui s’ouvraient à lui, avant d’arriver dans un grand salon à l’ambiance feutrée. La vieille voyante était là, au milieu de la pièce. En silence, il s’assit face à elle et la regarda commencer à tirer les cartes.

Dès que la première carte fut retournée, la voyante s’arrêta. Devant elle se trouvait un as de pique. Le symbole ultime de malédiction et de mort.

Elle ouvrit ses lèvres fripées :

« Tu sais ce que cela signifie n’est-ce pas ? ».

Effrayé, le jeune homme se leva brutalement et s’enfuit en courant.

Il courut, ça oui. Il courut loin. Il courut à en perdre haleine. Il courut sans s’arrêter, tentant de chasser de son esprit les pensées glauques qui le hantaient. Il allait mourir. Bientôt.

Soudain il se stoppa. Net.

Devant lui s’étendait un champ de morts. Vestige d’une fraîche bataille. Des centaines de cadavres s’étendaient là.

Comme hypnotisé, il avança en direction du carnage. Pour à nouveau se stopper net. Le champ de bataille n’était pas seulement couvert de corps. Il était également couvert de cartes. Toutes les mêmes. Des as de pique. Des as de pique ornés de la déesse de la mort, la statue de la liberté. Les cartes étaient partout : dans les poches des morts, dans leurs chaussures, et même dans leur bouche. Sortant de ces lèvres inertes, elles semblaient avoir été vomies dans un dernier râle d’agonie.

Alors, le vietnamien se remit à courir. Dans l’autre sens cette fois-ci. Il ne désirait qu’une chose. Rentrer chez lui. Rentrer chez lui et oublier cette carte de mort.

Une nouvelle vision d’horreur s’offrit à lui lorsqu’il arriva à son petit village.

Devant ses yeux, le sol était couvert de cartes. Tombées du ciel tel le signe d’un dieu de mort. Sous chacun de ses pas se froissaient des as. Des as de pique.

L’homme arriva enfin chez lui et s’enferma à double tour.

Il alla s’asseoir dans un coin, la tête entre les mains.

Et il tenta d’oublier.

Il ne pouvait pas.

Il entendit un « Crac ». Des soldats américains entrèrent chez lui par la porte brisée. Curieusement, le jeune vietnamien prit presque cela comme un soulagement.

Il leva la tête. Regarda l’homme qui pointait son arme sur lui.

Et ne pensa plus.

Une balle entre les deux yeux et une carte entre les deux lèvres.


  1. « 9 de carreau » se traduit littéralement de l’anglais « 9 of diamonds » par « 9 de diamant » ↩︎

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